Pr Elizabeth Moyal

Glioblastome : une nouvelle combinaison thérapeutique à l’étude

Neuro-oncologue et chef du département de radiothérapie à l’IUCT – Oncopole, la professeure Elizabeth Moyal s’appuie sur sa double casquette pour coordonner au CRCT un projet de recherche portant sur l’association immunothérapie / radiothérapie dans le traitement de certains cancers du cerveau. La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer soutient l’étude de cette piste thérapeutique à hauteur de 580 000 euros.

Quelles sont les caractéristiques du glioblastome et les limites des traitements actuels ?

Pr Elizabeth Moyal : Le glioblastome est une tumeur primitive du cerveau extrêmement invasive et très résistante. Le traitement actuel consiste à opérer quand on le peut, puis à pratiquer une radiothérapie localisée associée à une chimiothérapie. Malgré cette combinaison thérapeutique, 50% des patients sont décédés 15 mois après le diagnostic. Pour les autres, le pronostic de survie peut aller jusqu’à quelques années, avec une récidive quasi-systématique. Le glioblastome a la particularité d’être une tumeur froide, qui ne répond pas à l’immunothérapie administrée seule. Des études montrent cependant que des schémas d’irradiation hypofractionnée peuvent stimuler l’immunité et seraient donc potentiellement capables de transformer cette tumeur froide en tumeur chaude.

 

Quel est précisément l’enjeu de vos recherches ?

Pr E. Moyal : Mon équipe travaille à la fois sur les mécanismes biologiques de résistance du glioblastome, notamment à la radiothérapie, impliquant les cellules souches de glioblastome mais également sur un traitement associant une immunothérapie à la radiothérapie hypofractionnée en cas de récidive de glioblastome . L’effet immun de la radiothérapie hypofractionnée pourrait en effet rendre la tumeur plus réceptive à l’immunothérapie. La première phase de l’essai clinique développé à l’IUCT-O a montré que cette association était bien tolérée et que les réponses à ce type de traitement sont très différentes d’un patient à l’autre. Tout l’enjeu à présent est de dresser des profils de réponses et de prédire la tolérance et l’efficacité de l’association immunothérapie / radiothérapie, pour une prise en charge plus personnalisée des patients.

 

Quels sont les espoirs en matière de pronostic de la maladie ?

Pr E. Moyal : Avant 2005, le traitement reposait sur la seule combinaison chirurgie / radiothérapie. Depuis que la chimiothérapie est associée au traitement, nous avons gagné quelques mois de survie. Sans faire d’acharnement thérapeutique, nous avons aujourd’hui des patients que l’on ré-opère plusieurs fois, que l’on ré-irradie grâce aux progrès technique de la radiothérapie et qui répondent à ces traitements de rattrapage depuis plusieurs années. S’attaquer au traitement du glioblastome, c’est s’attaquer à une face nord. On gagne de petites batailles, et la combinaison immunothérapie / ré-irradiation nous donne une cartouche et un espoir supplémentaires.

 

En tant que chef de projet, quelles sont les qualités requises ?

Pr E. Moyal : Je suis optimiste et je n’aurai de cesse de guérir mes patients. Il faut aimer les gens, avoir de la gnaque et y croire. La recherche coûte très cher. Il faut se battre pour gagner la confiance de ceux qui vont financer vos projets. Les subventions telles que celle que nous a attribuée l’ARC sont décisives, mais le soutien des ligues régionales ou des associations de patients est tout aussi important pour nous. C’est en y croyant soi-même que l’on trouve les arguments pour convaincre et que l’on embarque dans un nouveau projet tous les acteurs qui ont le même but : donner de l’espoir à nos patients.

 

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